Il convient de s'opposer à toutes les exclusions et peu importe

si elles sont d'origine raciales, sociales, physiques, religieuses ou de toute autre nature

mais

ce n'est pas en les augmentant d'une promotion médiatique

profitable seulement à ces dérives que ce sera efficace

 

Il n'est pas de jour sans que partout l'on reproduise les affirmations déplacées des partisans de la haine ordinaire relayant ainsi à l'infini les confits des adeptes et des détracteurs de ces propos viscéraux pour le plus grand profit des politiciens de tous bords trop contents de l'avantageux terrain de récupération électorale qui leur est offert.

Pour cette zone si particulière du retranchement de l'intelligence rationnelle qu'est l'exclusion, argumentée et alimentée par les mensonges et l'inculture crasse, l'unique bouclier afin d'éviter qu'elle se répande davantage est le mépris car c'est avant tout la promotion faite à la moindre allusion non politiquement correcte qui génère des exactions beaucoup plus graves et violentes.

Ce n'est pas en interdisant aux Lepen, Coluche, Dieudonné, Timsit, Charlie-Hebdo, Desproges, Leeb, Zemmour ou tout autre personnage public de dire les énormités produites par leurs seules perceptions que l'exclusion sera enrayée, bien au contraire elle s'amplifiera du débat passionné des censeurs opposés et enflera jusqu'à une explosion qui n'aurait jamais eu lieu sans l'aide opportune d'une diffusion outrancière et orchestrée pour parvenir à dominer à dessein le juteux secteur du sensationnel.

Les déclarations nuisibles ne conduisent pas aux actes dramatiques, c'est la publicité dont elles bénéficient qui en est la cause car si ces mots étaient dédaignés leurs effets ne dépasseraient jamais les lieux dans lesquels ils ont été prononcés, on sait hélas que les feux de forêt sont très souvent allumés par des incendiaires qui imaginent que l'on peut être la vedette d'un journal après avoir vu  des images en première page.

Plutôt que les paroles condamnons les actes, c'est à cette priorité que doit être consacrée l'énergie de la loi pour éviter de la gaspiller en statuant au sujet des libertés d'expressions au lieux de réfléchir aux réponses efficaces afin que les drames de l'exclusion cessent partout ou on les déplore.

Il y a une différence considérable entre un Desproges qui se demande si quelques juifs ne se sont pas glissés dans la salle et le meurtre d'un jeune homme à cause de son origine religieuse, entre un Leeb qui imite de manière grotesque un africain dans un spectacle et le lâche assassinat d'un humain parce que sa peau n'a pas la couleur que l'on apprécie, entre l'humour douteux d'un Timsit  à propos des handicapés et le crime avéré de la distribution en masse d'un sang contaminé à des malades.

Les exemples ne manquent pas, pour nous prouver l'évidence des disproportions entre les effets des mots et ceux dus aux faits dans ces domaines ou domine le rejet de l'autre, pour nous démontrer l'urgence de ne plus nous laisser aveugler par les procès d'intentions prémédités.

 

Laisser dire et ignorer

 

Pour ne pas soutenir par une réclame mal appropriée de contestables affirmations mais aussi pour connaître les opinions librement révélées des extrémistes de l'indécence morale qui sans cette permission d'étaler leurs aigreurs au public pratiqueraient en secret un maquis beaucoup plus dangereux encore que leurs pathétiques interventions isolées.

Seule l'éducation pourra faire qu'à l'avenir des propos ignobles ne soient plus proférés mais cette mission ne semble pas être d'actualité et tout se passe au contraire comme si l'inverse servait plus le système car que ce soit à l'école, dans les médias ou encore dans les déclarations des élites il n'y a rien qui tende à fédérer les populations vers une compréhension globale de l'autre apte à favoriser un mieux vivre ensemble.

Depuis des décennies on assiste au formatage des opinions publiques par un effacement global du positif au profit de l'abject afin d'ériger toutes les formes d'insécurité possible comme des constantes du quotidien de chacun, les systèmes dominants sont ainsi parvenus à diriger les pays grâce aux peurs programmées et leurs administrés sont quasiment conditionnés pour admettre qu'elles soient devenues réelles.

Les ingrédients indispensables sont là pour favoriser des politiques d'exceptions qui dans l'histoire récente ont souvent déchiré le monde avec les conséquences que l'on sait, il faut se demander à qui profite cette stratégie qui consiste a faire crier au loup dès qu'on prononce un mot interdit par ces censeurs qui œuvrent pour des intérêts sans relation aucune avec les valeurs qu'ils prétendent défendre .

Diviser pour régner afin de désunir un groupe que l'on souhaite contraindre, c'est bien le but qui est visé lorsque qu'on incite les uns à fustiger des phrases pour empêcher les autres de s'opposer à des actes, tout en faisant bonne figure.

En 2013 Joséphine Baker serait probablement convoquée au tribunal pour de navrantes bananes, Coluche serait mis au ban des médias pour un fâcheux CRS arabe et Reiser ou Choron seraient évidemment privés de droits civiques, la liste est sans fin de tous ces interdits tellement en vogue actuellement qui existaient auparavant en causant moins de troubles que depuis qu'ils sont devenus prohibés.

Pendant ce temps et partout dans le monde, dans un silence indigne, se commettent impunément des actes de barbaries envers les exclus de tous horizons pour des motivations généralement mercantiles, voila pourquoi on mobilise tant les opinions au sujet d'une adolescente Roumaine ou d'un mariage homosexuel, à propos d'une affirmation non-conforme ou d'un dessin considéré comme obscène.

Une stratégie très commode pour éviter que les populations aient à s'interroger au sujet de plus dramatiques et violentes réalités commises par ceux la même qui ne souhaitent surtout pas les divulguer, de Lampedusa à l'Afghanistan.

 

Laisser se déclarer les opinions surtout si elles ne nous plaisent pas

 

Opposons nous farouchement en revanche à ces crimes que l'on soustrait si habilement de notre information afin de pouvoir les perpétrer si nous voulons en finir avec l'ensemble des injustices dues aux exclusions, ce sera plus efficace que la sempiternelle et infructueuse chasse aux sorcières organisée pour détourner notre attention des horreurs que révèlent et dissimulent parallèlement ces boucs émissaires.

Nos dirigeants et leurs médias canalisent nos pulsions en faisant appel au malsain qu'ils distillent dans nos esprits afin de commettre les atrocités dont ils sont besoin pour asservir plus encore leurs victimes, ils nous disent que la liberté d'expression a les limites qu'ils décident au nom du pouvoir que nous leur avons donné par les urnes, ils trahissent l'article 19 de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.

Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression,ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

En laissant les décideurs de nos trajets mettre en place ces méthodes de contrôle de l'opinion il est plus que probable qu'un jour prochain il nous soit interdit, sous peine de graves sanctions, de ne pas être de leurs avis.

 

Cesser de faire la promotion des idées réactionnaires

Pour s'opposer efficacement à leurs effets

Car c'est uniquement après être parvenus à endiguer les réelles violences que nous pourrons enfin définitivement étouffer les hurlements provocateurs de toutes les obédiences en mal d'une audience nécessaire.